L'Ange-Gardien - Champboisé
"Wabos Sipi, la rivière du Lièvre"
par Denis Charette
Bois
L'Ange-Gardien, Le Grand Lièvre
Cette oeuvre d’art rappelle à sa manière une des divinités de la mythologie des peuples algonquins. Michabou, dit le Grand Lièvre, y occupe une place de choix : pour certains, il est le maître absolu du monde animal et le créateur des êtres humains; pour d’autres, il est le « Génie des eaux », ce gardien des chutes et des rapides de la Lièvre, la douce rivière arrimée au coeur de L’Ange-Gardien.
La rivière du Lièvre, qui rappelle évidemment le lièvre d’Amérique (Lepus americanus virginianus), porte ce nom depuis 1686; c’est le Chevalier de Troyes qui le note dans son journal lors de son expédition à la baie d’Hudson. Malgré les suppositions à cet effet, rien ne nous permet d’affirmer que les Algonquins avaient adopté l’appellation Wabos Sipi pour désigner notre belle et grande rivière.
À l’époque du commerce des fourrures, la rivière du Lièvre sert de route de contournement pour éviter d’emprunter la rivière des Outaouais, près de la chute des Chaudières surtout, là où les Iroquois se tiennent alors en embuscade. Les Amérindiens, les missionnaires, les trafiquants et les voyageurs, géographes avant l’heure, se servent du réseau de lacs et de portages du pays laurentien pour remonter jusqu’à la source de nos grandes rivières. Ils redescendent alors vers l’Outaouais, surgissant à l’improviste à l’embouchure des rivières Dumoine et Coulonge, décidés à poursuivre leur périple jusqu’aux « Pays d’en haut ».
Wabos Sipi, la rivière du Lièvre, 2020, par Denis Charette
Le nom d’origine Wabos Sipi, traduit directement de l’algonquin par rivière du Lièvre, est l’un des cours d’eau dont le nom est resté le plus proche du nom d'origine. On décrivait sa chute comme l’une des plus belles au pays. Comme la tradition totémique se veut raconteuse d'événements, de légendes ou de mythes, voici la description de cette sculpture :
Le lièvre, Wabos, assis au bas de la chute, devient « L’Ange-Gardien » de son territoire, parcourant le flot du courant de la rivière et nourrissant les habitants grâce à son agriculture, sa pêche sportive, ses ressources minières et sa forêt.
Denis Charette, maître sculpteur et graveur, est né en 1963. Cet artiste d’ascendance algonquine travaille principalement à partir de matières naturelles comme le bois, la pierre et le panache de cervidés. Deux fois boursier du Conseil des arts du Canada, il a eu la chance d'enrichir son savoir sur la sculpture totémique avec le sculpteur haïda de renommée internationale Reg Davidson.