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CANTLEY

"L'embâcle", 2017, par Denis Charrette

Cèdre blanc, acier et granit

Cantley, la rivière Gatineau et le flottage du bois

 

Ancienne route des Anishinabeg (les Algonquins), la rivière Gatineau est utilisée à partir des années 1830 pour le flottage des billes de bois. Cette pratique peu coûteuse permet d’acheminer le bois coupé pendant l’hiver jusqu’aux principaux ports et scieries. Les draveurs dégagent les billes qui s’échouent sur les rives à l’aide de leur gaffe et veillent à défaire les embâcles occasionnels. Pendant plus de 150 ans, le flottage du bois marque profondément l’histoire et le paysage de la rivière et de la municipalité de Cantley.

 

À partir de 1927, les centrales hydroélectriques de Chelsea, des Rapides-Farmer et de Paugan entrent en service. Les barrages font augmenter le niveau de l’eau et la Gatineau devient une voie navigable. Des bateaux-remorqueurs comme Le Champagne assurent l’acheminement des billes. La drave a inspiré plusieurs chansons et légendes dont celle de Jos Montferrand. Lors des dernières années de la drave sur la Gatineau, près de 200 travailleurs forestiers, 80 draveurs et 20 bateaux‑remorqueurs étaient mobilisés chaque printemps pour déplacer l’équivalent de 400 000 cordes de bois.

 

L’embâcle, 2017, Denis Charette

 

Cette œuvre rappelle les embâcles sur la rivière Gatineau, le travail difficile et dangereux des draveurs, mais aussi l’abandon de pratiques traditionnelles autochtones. Les billes empilées représentent une obstruction. Elles portent le sceau des différentes compagnies forestières qui ont pratiqué le flottage sur la Gatineau. La gaffe commémore le travail des draveurs alors que l’une des billes, sculptée en forme de canot, symbolise les peuples autochtones qui, bien avant l’arrivée des Européens, utilisaient la rivière pour se déplacer. Le flottage du bois, la construction de glissoirs et d’estacades ont modifié le cours des rivières, et il est devenu de plus en plus difficile pour les Autochtones de les emprunter. L’eau s’est aussi acidifiée, et les populations fauniques dont ils se nourrissaient ont décliné.

 

Sculpteur et graveur de descendance algonquine, Denis Charette puise son inspiration dans la culture autochtone. Récipiendaire de plusieurs bourses du Conseil des arts du Canada, il est spécialiste de l’art totémique. Il a réalisé plusieurs œuvres d’art public à Ottawa et en Outaouais, notamment au Marché By, à Saint-André-Avellin et au parc Oméga à Montebello.

denischarette.com

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